Quand un dauphin joue avec les neurosciences

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Le lien entre les jeux vidéo et le monde médical est relativement récent mais commence à faire ses preuves, notamment dans le domaine des neurosciences. C’est le cas de la Faculté de médecine de l’Université Johns Hopkins et de son laboratoire de recherche BLAM (Brain, Learning, Animation and Movment Lab) dirigé par le Dr John Krakauer. En collaboration avec une équipe de développeur de jeux vidéo (Bandit’s Shark Showdown), ils innovent et proposent une manière différente d’aborder la rééducation post-AVC avec leur dauphin « Bandit ».

Un esprit sensible à l’esthétique du mouvement

Durant de nombreuses années de recherche, le Dr Krakauer s’est intéressé au mouvement, au contrôle moteur et à son esthétique. Il a cherché à comprendre pourquoi les gens trouvent autant de plaisir à regarder la façon dont les joueurs de football ou les danseurs professionnels bougent. Une partie de cela réside, selon lui, dans le fait que « les spectateurs sont sensibles à la façon dont ces athlètes agiles et gracieux bougent, ce qui suscite quelque chose de profond dans leur esprit ». Son idée était de faire un jeu de simulation qui évoquait ces mêmes désirs.

Une connexion motrice innovante

À l’aide d’un harnais robotisé, les patients apprennent à synchroniser les mouvements de leurs bras avec ceux du dauphin. Le Dr Krakauer espère qu’avec cette « empathie motrice », il permettra aux patients de rester engagés dans le monde immersif du jeu pendant des heures, en contractant leurs vrais muscles pour faire bouger le dauphin virtuel. L’objectif des développeurs est de créer une simulation animale suffisamment réaliste pour activer une sorte de « connexion motrice », un lien viscéral entre le corps en mouvement du patient et le dauphin simulé.

Ce jeu a fait l’objet d’une étude clinique sur 72 patients, recrutés durant les cinq semaines suivant leur AVC. Le jeu est testé à l’université Columbia et dans une clinique à Zurich. Deux fois par jour pendant trois semaines, les patients jouent pendant une heure à la version rééducative du jeu « I am Dolphin » avec le robot Hocoma, le groupe témoin a reçu quant à lui une ergothérapie conventionnelle.

 

Du laboratoire à la start-up

Avec toutes ses recherches, le Dr Krakauer souhaite acquérir une certaine autonomie financière, indépendante des structures de financement traditionnelles dans le milieu médical. Il créé la société NMI (Neuro Motor Innovations Corporation) en 2017, une société de technologie médicale dont la mission est d’améliorer les résultats des mouvements et de la cognition chez les patients victime d’AVC.

En novembre 2018, c’est la start-up suisse MindMaze qui annonce l’acquisition de NMI afin de compléter son approche actuelle en matière de neurorééducation. MindMaze souhaite poursuivre le développement et la commercialisation de la technologie de NMI tout en gardant ses étroites relations avec Johns Hopkins.  Le Dr Krakauer continuera à occuper le poste de professeur à la chaire Jonh C. Malone au Centre Malone pour l’ingénierie des soins de santé et également conseiller médical et scientifique auprès de MindMaze.

Lucie Bertholier

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